Il n’y a pas que le trafic international de cocaïne qui transite par la Belgique. Les trafiquants d’espèces vivantes menacées passent également par notre pays. La preuve avec ce coup de filet réalisé voici quelques jours à l’aéroport de Zaventem (Bruxelles) par la Douane. Quelque deux-cents kilos de jeunes anguilles européennes vivantes (des civelles) ont été découvertes dans le bagages de passagers, dont la destination finale était la Malaisie.
L’anguille européenne figure sur la liste rouge de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature) en tant qu’espèce en situation critique de disparition, rappelle le SPF Santé Publique. C’est la seule espèce d’anguille protégée par la Convention CITES qui interdit, pour tous ses Etats Membres, son exportation à partir de l’UE depuis 2009.
Les experts et inspecteurs CITES du SPF Santé publique ont prélevé des échantillons afin de procéder à des tests sanitaires et ADN (pour confirmer qu’il s’agit bien d’alevins européens) et pouvoir, à terme, les libérer dans la nature. L’affaire est à l’instruction auprès du Parquet d’Halle-Vilvorde. Les trafiquants risquent jusqu’à 5 ans de prison.
Un trafic annuel d’une valeur de 3 milliards d’euros
Il existe plusieurs espèces d’anguilles dans le monde (américaines ou japonaises) mais les alevins d’anguille européenne sont les plus appréciés des consommateurs asiatiques. Leur prix de vente sur le marché noir sont exorbitants, rendant l’espèce extrêmement vulnérable au commerce illégal.
Les civelles sont exportées illégalement pour être consommées directement mais aussi afin d’être élevées. A l’âge adulte, les anguilles sont réexportées sous forme de filets ou de sushis, vers l’Europe ou les Etats-Unis.
Toujours selon le SPF Santé Publique, chaque kilo de civelle européenne permet d’obtenir 772 kg de filets d’anguille. Ceux-ci sont vendus au prix de 36€/kg chez les grossistes et de 60€/kg aux consommateurs. Cela signifie que chaque kilo de civelle, une fois élevée et transformée en filets peut rapporter jusqu’à 46.320€. Interpol et Europol estiment ce trafic à 3 milliards d’euros par an.
Après une série de tests sanitaires, les civelles saisies devraient être relâchées dans plusieurs cours d’eau en Flandre afin qu’elles puissent grandir, devenir adultes et ainsi pouvoir contribuer au stock reproducteur.